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Le VRAI rôle d'une couverture de livre

Julia 🦊

Aujourd'hui, nous allons remettre les points sur les i en définissant précisément le véritable rôle d’une couverture de livre. J’entends et vois passer beaucoup d’informations, et je pense qu'il est bon de se recentrer sur l'essentiel : À quoi sert une couverture de livre ? Quel est son véritable objectif ? Répondre à cette question permettra de comprendre sur quels aspects se concentrer pour travailler cet élément si particulier d’un livre.




L'évolution des couvertures avec le temps

Des rouleaux de papyrus à l'apparition du Codex (les premiers livres)



Couverture de codex


À l’origine extrêmement précieux, les Codex (à la différences des rouleaux de papyrus) sont dotés d’une couverture. Celles-ci se paraient déjà de leurs plus beaux atours, incrustées d’or et de pierres précieuses. Réservées aux érudits, les couvertures ont deux objectifs principaux : protéger les contenus précieux des ouvrages à travers le temps et représenter le trésor de savoir qu’ils contiennent.


Du Moyen-Âge au XIXe siècle



Reliure en cuir d'une couverture typique du 16e siècle


L'évolution des couvertures de livre au fil du temps est très intéressante. Jusqu'au XIXe siècle, on achetait les livres nus, et c'était à l'acquéreur·euse de les faire relier. Le choix du·de la relieur·euse représentait alors une décision importante pour afficher son statut social.


À cette époque, les tranches étaient souvent les éléments les plus ornés, car elles étaient les seules parties visibles lorsqu'un livre était rangé sur une étagère.


Par la suite, les livres furent dotés de couvertures amovibles en papier, brièvement illustrées, pour pouvoir être offerts en cadeau, une mode du début du XIXe siècle. C’est ainsi que l'ancêtre de la jaquette est né.


1860 – Les premières couvertures travaillés


Couverture de livre typique du 19e siècle.


Le tissu remplace le cuir pour les couvertures, et il devient de plus en plus courant que le titre du livre soit présent sur la première de couverture, généralement entouré d’éléments visuels en lien avec son contenu. Les illustrations sont alors embossées ou dorées à l'or. On peut dire que c'est le début des couvertures telles que nous les connaissons aujourd'hui.


Un même ouvrage est publié avec une couverture uniforme, et la première de couverture apparaît comme un élément distinctif entre les livres.


Les décennies suivantes marqueront l’arrivée des couvertures en couleurs, avec des illustrations et des palettes de couleurs emblématiques permettant d’identifier les maisons d’édition et les collections. Il faudra attendre les années 1920-1930 pour que les couvertures reliées en tissu cèdent progressivement la place à celles en papier.




L’évolution des couvertures de livre et l’impact des événements historiques majeurs sur celles-ci sont extrêmement intéressants. On réalise que plus les couvertures se parent de couleurs, plus les livres deviennent des objets accessibles à tout le monde et non plus réservés à une élite. Cela soulève alors la question de la différenciation sur le marché.


Le livre doit marquer les esprits. Les couvertures doivent susciter une réaction et faire naître un désir précis : l’envie de s’en saisir. Les choix des couleurs, des typographies et des illustrations racontent déjà une histoire, et cette histoire doit crier aux potentiel·les lecteur·ices : « attrape-moi ». Si une personne prend le livre en main, elle lira le résumé. La couverture représente 50% du travail d’achat, car sans ce geste de se saisir de l’objet livre, le résumé reste inconnu du·de la lecteur·ice.



Et Gallimard, c’est blanc et ça marche !


Le collection blanche de Gallimard

En France, nous avons longtemps conservé des couvertures unies, à l’instar de la célèbre collection blanche de la maison d’édition Gallimard. Des couvertures blanches, un liseré rouge et un titre en Diderot (une police réservée à l’Imprimerie Royale jusqu’en 1811). Ici, pas de moyen évident de différenciation... Et pourtant, détrompez-vous.


La France entretient un rapport très particulier avec les livres. De nombreux·ses brillant·es auteur·rice·s et poète·sse·s ont marqué l’histoire littéraire à travers le temps, comme George Sand (de son vrai nom Amantine Lucile Aurore Dupin), Colette (de son vrai nom Sidonie-Gabrielle Colette) ou Marguerite Duras (de son nom de naissance Marguerite Donnadieu).


La littérature française est souvent perçue comme élitiste. Que ce soit l’image de l’« auteur·rice maudit·e » vivant dans la pauvreté et s’adonnant à l’opium (salut à Baudelaire) ou le concept de « sous-littérature » pour désigner tous les genres non reconnus par la bourgeoisie de l’époque, la France a fini par mérité sa réputation de snobisme littéraire.


Encore aujourd'hui, cet élitisme est très présent, notamment en ce qui concerne l'édition indépendante. À l'étranger, celle-ci est largement démocratisée, acceptée sans difficultés dans les librairies et les salons littéraires. En France, bien que la pratique gagne en popularité, ce n'est pas encore totalement le cas.


Anecdote : Au lycée, nous devions choisir un livre en plus de ceux imposés par le programme d’un auteur du 19e au 20e siècle pour étudier son œuvre et le présenter en dissertation. N’ayant jamais aimé les livres imposés à l’école, je me réjouis de la nouvelle et choisis : La Communauté de l’Anneau de J.R.R. Tolkien, écrivain et poète du début du 20e siècle (autant dire pile dans le sujet).
J’ai eu le bonheur d’entendre ma professeure de français me demander d’en changer car ce « n’était pas de la vraie littérature ». Ce jour-là, j’ai découvert deux choses : le terme « vraie littérature » et le fait qu’en français en 2015, il y avait encore des professeurs qui pensaient que si c’était de la fantasy, de la SF ou du fantastique, ce n’était donc pas par essence de la littérature.
(Spoiler : je n’ai pas changé de livre et même si je n’ai pas eu une super note, j’étais très contente de mon choix).

Gallimard a commencé et est devenue l’une, si ce n’est la plus grande maison d’édition française, en publiant des auteurs comme Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Marcel Proust, etc. La charte graphique de sa collection blanche est alors claire : prestige, classicisme, intemporalité. D’ailleurs, c’est avec cette collection qu’apparaît le terme littéraire « blanche ».


Aujourd’hui encore, de nombreuses maisons d’édition françaises « prestigieuses » proposent des couvertures dans un style similaire. La différenciation est là : au milieu des couleurs, nous sommes clairs et lisibles, pas besoin de dire un mot puisque nous n’éditons que des prix Goncourt, des Prix Nobel, etc. (je grossis le trait, mais c’est le message que renvoie la couverture blanche).


Aujourd’hui, en visitant une librairie, vous remarquez que les couvertures blanches se parent de plus en plus de jaquettes colorées et percutantes. Car ils l’ont bien compris : ce n’est pas avec un titre rouge sur fond crème qu’on attire le regard dans un rayon rempli de titres rouges sur fond crème.



« On ne juge pas un livre à sa couverture »


Un vieil adage dit : « On ne juge pas un livre à sa couverture », et c’est extrêmement vrai. Votre lecteur·rice ne jugera pas votre livre par sa couverture, mais bien par son contenu : vos histoires, vos personnages, vos thèmes, etc. Cependant, avant d'être votre lecteur·rice, il sera un·e inconnu·e, et cet·te inconnu·e jugera inconsciemment les 35 000 ouvrages d'une librairie d'un seul regard, principalement sur la base de leurs couvertures, jusqu'à ce que l'une d'entre elles crie : « Tu m’as vu ! Je suis ce que tu cherches ».



Que ce soit en ligne ou sur les étagères d'une librairie, la couverture joue un rôle capital pour attirer l'attention. Au milieu de milliers d'autres possibilités, elle a la difficile mission de vous faire marquer un arrêt dans votre quotidien. De vous inciter à la prendre dans vos mains (ou à cliquer sur la page internet) et à découvrir le résumé au dos. Si elle n'attire pas l'attention, même si votre résumé est incroyable et que votre livre est un bijou de littérature avec le potentiel de redéfinir le paysage des romans pour les 10 prochaines années, personne ne le verra et ne le saura.


La couverture est donc primordiale. Sans elle, vous misez sur le bouche-à-oreille pour toucher tous les potentiel·le·s lecteur·rice·s en France et ailleurs. Rappelez-vous tous ces livres recommandés par des proches que vous n'avez jamais achetés ? Vous prenez ce risque.



L’objet « livre »


Le livre en tant qu'objet de collection, avec ses reliures et la remise à la mode du jaspage et des éditions « Collector » à 40€, cela est dû aux États-Unis, mais aussi aux réseaux sociaux qui ont facilité la diffusion de ces tendances Outre-Atlantique. Ce n’est ni bien ni mal, c’est une question de consommation qui reflète une évolution dans la manière de percevoir un livre. Aujourd’hui, une partie des lecteur·rice·s attend d’un livre qu’il soit non seulement très bon, mais aussi très esthétique.


Nous connaissons tous quelqu’un·e qui ne choisit pas un livre car l’édition ne correspond pas assez à ses critères pour sa bibliothèque. Ainsi, le visuel de votre ouvrage ne doit pas être négligé.


Impacté par l’évolution de la consommation, tout comme d'autres objets du quotidien, le livre que vous achetez dit quelque chose de vous :


  • Vous pouvez acheter un ordinateur sans marque à 150€ pour faire du traitement de texte, ou choisir d’acheter un Mac à 1200€ pour la même fonction.

  • Vous pouvez acheter un body à 8€ chez Kiabi ou opter pour un body Skims à 90€ créé par Kardashian.

  • De même, vous pouvez acheter un thé à la menthe Eco+ en sachet ou préférer du thé en vrac bio, cueilli à la main, à 10€ les 100g.


Tous ces choix ne renvoient pas la même image de vous. C’est inconscient, cela ne doit pas être jugé comme bon ou mauvais ; chacun·e fait ses choix et hiérarchise ses priorités selon ce qu’il·elle estime important.


Évolution de la couverture de "Orgueil et Préjugés" de Jane Austen
Évolution de la couverture de "Orgueil et Préjugés" de Jane Austen

Cependant, il est crucial de garder cela à l'esprit lorsque vous créez votre livre : proposer une version standard et une version reliée n’attirera pas les mêmes lecteurs, et ne dira pas la même chose à leur sujet. De même, proposer une couverture blanche avec juste le titre, ou une couverture unique et esthétique, ne générera pas non plus le même impact.



Quels sont les points de vigilance pour savoir si sa couverture est réussie ?


  • Connaître votre lectorat : Il est essentiel de comprendre parfaitement votre public cible. Les choix de conception de la couverture doivent être dirigés par cette connaissance et adaptés en conséquence.


  • Visibilité et lisibilité des informations essentielles : Le titre, le nom de l’auteur et le résumé doivent être clairs et facilement lisibles. Ils doivent se démarquer sans être écrasés par d'autres éléments visuels.

  • Représentation du genre et du ton : La couverture doit être cohérente avec le genre littéraire du livre et refléter son ton. Par exemple, une couverture sombre et mystérieuse pour un thriller, ou lumineuse et joyeuse pour un roman feel-good.


  • Identifiabilité à distance : La couverture doit être reconnaissable même à distance. Elle ne doit pas se perdre ou se confondre parmi d'autres livres sur une étagère ou une page web.


  • Unicité : Elle doit avoir un élément distinctif qui attire l'œil et intrigue les potentiels lecteur·rice·s. Cela peut être une illustration particulière, un style graphique unique, ou un choix de couleur audacieux.



Conclusion - Le VRAI rôle d'une couverture de livre


L’histoire des couvertures de livre est fascinante et illustre parfaitement les préoccupations et les évolutions des différentes époques qui les ont façonnées.


Initialement conçue comme une simple protection pour préserver l’ouvrage dans le temps, la couverture est aujourd’hui devenue le principal moyen de différenciation pour les auteurs et éditeurs dans un marché du livre saturé.


J'espère que cette lecture vous aura plus et aura été instructive, je reste à votre disposition en commentaire ou sur mes réseaux sociaux pour répondre à vos éventuelles questions.







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